Bien choisir ses vêtements de travail pour le BTP

Le média Batiweb « dénombre en moyenne 48 accidents pour 1 000 personnes » sur les chantiers de construction en 2024. Même si cette statistique reste dramatique, elle semble en baisse par rapport à 2022, où l’on dénombrait 78 accidents mortels. Parmi les mesures de protection pour les artisans du BTP, l’habillage reste un facteur clé pour se préserver des blessures légères ou graves. Voici nos recommandations pour choisir ses vêtements de travail BTP en fonction de votre métier dans ce domaine.

 

1. Pourquoi porter des vêtements de protection sur un chantier ?

Les ouvriers du BTP s’exposent à de nombreux risques sur le terrain. La CARSAT d’Alsace-Moselle propose le classement suivant dans son guide d’évaluation des risques professionnels : 

  • Les risques de chutes en hauteur (y compris sur des échafaudages) ou de plain-pied. Les premières concernent des corps de métier, comme les charpentiers ou les couvreurs. Les deuxièmes se produisent sur des sols en mauvais état, dans des espaces étroits ou à cause de transports d’objets lourds (Assurance Maladie). Les carreleurs s’exposent particulièrement aux dangers d’un sol humide.
  • Les risques liés à l’électricité, comme des arcs électriques ou des décharges électrostatiques. Même si cela peut arriver à tous les professionnels de la construction, le risque concerne surtout les électriciens.
  • Les risques d’accidents de circulation entre personnes ou avec les engins de chantier, par manque de visibilité. La vigilance est également de mise avec la manutention mécanique ou manuelle. En effet, certains professionnels travaillent durant des heures dans des positions inconfortables, sans compter les risques de coupure ou de happements dans les machines tournantes.
  • Les risques de chutes d’objets ou de renversement d’éléments de construction, à cause des intempéries.
  • Les risques chimiques lorsque les ouvriers travaillent avec des matériaux dangereux (amiante, plomb, colles, résines, etc.) Les risques biologiques sont également pris en compte.
  • Les risques physiologiques, comme les brulures au contact d’éléments chauds (produits noirs) ou les nuisances sonores qui peuvent assourdir les agents sans protection.

 

2. Quelle est la réglementation sur la tenue de travail du BTP ?

Le vêtement de chantier est considéré comme un équipement de protection individuelle (EPI). Par conséquent, en fonction du métier ou des conditions de travail, il doit convenir à des normes françaises (NF), européennes (EN) ou mondiales (ISO). Après avoir subi des tests de conformité et obtenu une attestation d’Examen UE de type (issu du règlement (UE) 2016/425) (AET), les produits sont classés en trois catégories (FIP Center) : 

  • Catégorie 1 pour les risques mineurs, comme les blessures superficielles, le contact avec des produits peu nocifs ou une température inférieure à 50°C.
  • Catégorie 2 pour les risques intermédiaires de nature mécanique, chimique ou thermique.
  • Catégorie 3 pour les risques mortels ou irréversibles, comme les chocs électriques, les chutes en hauteur, le rayonnement ionisant ou des températures supérieures à 100°C.

Ce classement correspond à l’annexe I du règlement (UE) 2016-425 du Parlement Européen et du Conseil du 9 mars 2016 relatif aux EPI. Ce dernier abroge l’ancienne directive 89/686/CEE du 21 décembre 1989 de ce même conseil. Les conditions d’utilisation des EPI, leurs vérifications périodiques et la formation des travailleurs sont détaillées dans les articles R4323- 91 à -106 du Code du travail.

 

3. Comment choisir ses vêtements de travail BTP en fonction du métier ou du terrain ?

Il existe plusieurs fournisseurs de vêtements de travail pour le BTP. Pour vous aider à vous retrouver dans leur boutique en ligne, voici quelques conseils sur les différentes parties de votre équipement. Parmi tous les types de vêtements que nous vous présentons ci-dessous, veillez à ce qu’ils portent les normes suivantes (FIP Center) : 

  • La norme EN ISO 13688 (anciennement EN 340) correspond aux exigences générales pour la sécurité des utilisateurs.
  • La norme EN 342 garantit une protection contre le froid (température inférieure à -5°C).
  • La norme EN 343 vous permet de résister aux intempéries (pluie, vent, froid)
  • La norme EN ISO 20471 (anciennement EN 471) concerne les vêtements à haute visibilité.
  • La norme EN 11612 fait référence à la protection antifeu ou retardateur de flamme.
  • La norme EN 1149 règlemente la protection contre l’électricité statique. 

 

Le haut du corps : entre confort, imperméabilité et visibilité

En fonction des conditions climatiques, vous avez le choix entre différents vêtements pour le haut du corps : T-shirt, polo ou sweat. Ces hauts sont fabriqués entièrement en coton ou avec un mélange coton/polyester. Ces tissus légers et respirables évacuent votre transpiration et conservent votre liberté de mouvement. 

Les T-shirts ou les polos à manches courtes peuvent être tolérés en cas de fortes chaleurs ou de travaux en intérieur (comme les carreleurs). Cependant, renseignez-vous auprès de votre conducteur de travaux sur les risques présents sur votre chantier. Si ces derniers sont fort probables, soyez avisé(e) et munissez-vous d’un gilet ou d’une veste de chantier

Ces pardessus sont conçus avec des matériaux synthétiques (polyester, spandex ou nylon) pour être imperméables et résistants à l’usure, à la chaleur et aux taches. Leur col montant protège votre cou et votre nuque contre les risques d’éclaboussures ou d’éclats de matériaux. Leurs nombreuses poches sont utiles pour trier et ranger vos différents outils ou équipements.

Le gilet ou la veste vous maintiennent au chaud en cas d’intempéries, si vous effectuez des travaux en extérieur. Il est possible que vous deviez également travailler la nuit, soit parce que c’est l’hiver, soit parce que vous faites des heures supplémentaires. Dans ce cas, il est impératif de se vêtir avec des gilets et des pantalons de haute visibilité. Les automobilistes ou les piétons doivent vous repérer de loin grâce aux couleurs vives et fluorescentes de vos vêtements, ainsi qu’à leurs bandes réfléchissantes. Vous pouvez également les porter en plein jour, car leur protection UV peut bloquer jusqu’à 98 % des rayons UV (classement UFP 40+).

 

Le bas du corps : se protéger des coupures et des écorchures

Les pantalons de travail sont fabriqués en coton pour son confort et sa légèreté, avec quelques pourcentages de spandex (ou élasthanne). Ce matériau synthétique apporte de l’élasticité et de la résistance à l’usure, des propriétés bien utiles pour les professionnels qui travaillent dans des positions inconfortables. De plus, cela permet d’éliminer les taches plus facilement.

Les propriétés du spandex protègent l’artisan du BTP contre les coupures ou toutes autres blessures causées par des outils dangereux. De manière générale, certaines protections renforcées peuvent s’ajouter en respectant les normes suivantes (Prévention BTP) : 

  • Norme NF EN ISO 14877 : protection contre les risques de projection d’abrasifs (comme le sable)
  • Norme NF EN 381 : protection contre l’utilisation de scie à chaîne (renforcement avec du Kevlar). Cette mesure concerne particulièrement les paysagistes ou les jardiniers.
  • Norme NF EN 510 : protection contre les risques de happement par une machine.
  • Norme EN 14404 : protection contre les appuis prolongés (carreleur, couvreur, plombier, etc.). Certaines technologies, comme le Cordura ou l’Hygrovet, permettent au pantalon de respecter cette norme.

 

Les ensembles salopette ou combinaison

Certains professionnels, comme les plombiers, les maçons ou les menuisiers, préfèrent se vêtir avec un ensemble recouvrant et protégeant tout ou une partie du corps. Il peut s’agir d’une salopette ou d’une combinaison sous la forme de bleu de travail. Les deux types de vêtements contiennent de nombreuses poches qui peuvent remplir plusieurs fonctionnalités. 

La première permet une grande liberté de mouvement, car elle laisse les épaules et les bras libres. Elle s’ajuste parfaitement à la taille de son porteur grâce à son système de réglage par des boutons. Plusieurs éléments supplémentaires améliorent sa qualité, comme les genouillères, les coutures triples ou la poche plaquée au niveau du plastron.

La deuxième peut être insérée et retirée rapidement en cas de problème. Ses différents coloris permettent de reconnaitre les différents corps de métier (bleu pour les électriciens ou gris pour le plombier). Les soufflets dans le dos apportent du confort et de la liberté de mouvement, en plus des poignets réglables. Elle est surtout recommandée pour bénéficier d’une protection intégrale contre certains agents, comme les microbes, les produits chimiques ou les salissures.

 

Les chaussures de sécurité pour compléter son isolation

Les chaussures de sécurité protègent les pieds contre différents types de blessures : pénétration de corps étranger, lacération, chute d’objets lourds, glissade, etc. Leur cuir est un matériau robuste, imperméable (ou hydrofuge) et esthétique. Les semelles antiperforation et antidérapantes font partie des gages de sécurité de ces chaussures.

En fonction de vos missions, vous avez le choix entre trois types de chaussures. Chacune d’entre elles répond à des normes précises :

  • Les chaussures basses (S1 et S1P) sont suffisamment légères et souples pour s’adapter aux positions inconfortables, comme être accroupi(e) ou à genoux. Leurs semelles antistatiques, ainsi que leurs parties rembourrées, vous protègent des objets pointus et des liquides huileux. Les semelles sont également respirables pour Éviter la transpiration des pieds. Elles conviennent à des artisans d’intérieur, comme les peintres ou les électriciens.
  • Les chaussures hautes (S2 ou S3) maintiennent vos chevilles si vous vous déplacez sur des sols humides. Leur imperméabilité doit être sans faille. Elles s’adressent à des ouvriers du BTP travaillant à l’extérieur, comme les paysagistes, les charpentiers ou les plombiers.
  • Les bottes de sécurité (S4 ou S5) sont fabriquées à base d’acier, de composite, de matériaux tissés ou spécialisés (Tufftech ou Chemtech). Ces protections sont essentielles contre les risques de perforations ou des chocs électriques. Elles résistent autant à l’usure qu’à la chaleur. 

 

Les autres accessoires de protection individuelle

Pour compléter votre protection, il est important de se munir des accessoires suivants qui relèvent également de l’EPI (Carlstahl) : 

    • Casque de sécurité (norme EN 397) ou produits antibruits (bouchons d’oreille, serre-tête) (norme EN 352), pour vous préserver des nuisances sonores du chantier.
  • Gants de protection (norme EN 420, 388 ou 511), en cuir ou en matière synthétique.
  • Lunettes ou visière de protection (norme EN 166, 169 ou 170), en polycarbonate résistant et traitement antibuée et antirayures.
  • Protections antichute (norme EN 341, 353,…) comme des harnais de sécurité, des points d’ancrage, des ceintures de maintien, etc.
  • Masques respiratoires (normes EN 136, 140, 141, 143) contre les poussières de chantier, les gaz toxiques ou les vapeurs chimiques.

 

4. Conclusion

Les vêtements de travail du BTP répondent à des normes françaises et européennes très strictes, pour se protéger des risques de coupures ou de brûlures. Chaque corps de métier de la construction peut adopter tel vêtement en fonction de ses conditions de travail, à condition que le port de cet habit ne présente aucun risque. Pour que vos collaborateurs anticipent ce qu’ils vont porter sur leur prochain chantier, maintenez vos infos à jour et informez-les grâce à votre application de suivi de chantier.