Charpentier bois ou charpentier métallique : quelle est la meilleure reconversion ?

Le métier de charpentier, qu’il travaille avec du bois ou du métal, fait partie des métiers du BTP qui recherchent le plus de candidats qualifiés. La pénurie de main-d’œuvre est telle que 83 % des entreprises de la construction ont du mal à recruter selon une enquête de France Travail, alors Pôle Emploi (source). Même si les missions principales restent les mêmes (élever la charpente d’un bâtiment), ces professionnels se spécialisent sur un matériau spécifique. Charpentier bois ou charpentier métallique : quelles sont les différences entre ces deux spécialités ?

1. Des matériaux résistants, écologiques, mais avec des sensibilités différentes

À l’origine, le charpentier manipule le bois pour bâtir la charpente des maisons, des ponts, des monuments ou même des navires. Au moment de la révolution industrielle, le fer et les autres métaux s’imposent de plus en plus dans l’architecture grâce au développement de la sidérurgie. Quelles sont les différences entre ces deux matériaux ?

Le bois : matériau pour les charpentes traditionnelles

Le bois représente la matière première de choix pour assembler une charpente traditionnelle ou une charpente en lamellé-collé. Il s’agit principalement de résineux (sapin, épicéa, douglas, mélèzes) car ces arbres sont robustes et abondants. Le charpentier les utilise pour réaliser de longues pièces en bois, avec différentes sections. Les feuillus (chêne, hêtre, frêne, etc.) constituent davantage les pièces relatives à la menuiserie ou à l’ébénisterie : colombages, escaliers, lucarnes, parquets, etc. (source).

En plus de sa résistance et de son accessibilité, le bois est esthétique et facile à travailler. Il représente un bon isolant thermique et phonique. Néanmoins, il nécessite un traitement chimique contre l’humidité pour éviter le développement des champignons ou des insectes. Malgré sa robustesse, la charpente en bois ne résiste pas longtemps aux incendies.

Le métal : matériau pour les charpentes industrielles

Le métal (acier, aluminium ou inox) constitue les poutres des constructions modernes et à grande envergure, comme les industries ou les centres commerciaux. Celles-ci bénéficient d’une légèreté et d’une grande portée (jusqu’à 40 m (source)) indispensables à la construction d’un toit plat. De plus, les pièces en acier sont économiques, recyclables et assemblées plus rapidement que les pièces en bois. Le gain de temps est estimé à 30 % (source).

Néanmoins, seul un professionnel spécialisé peut concevoir une charpente métallique sur mesure car cette dernière nécessite des calculs très précis. L’acier est peu isolant et doit subir plusieurs traitements de protection contre les incendies ou la rouille.

2. Des techniques et outils spécifiques pour assembler les éléments de la charpente

Les charpentiers disposent de différents outils pour découper, percer, poncer ou assembler les poutres de leur charpente. Ces outils sont spécifiques au matériau qu’ils traitent. Les étapes fondamentales pour la construction d’une charpente restent identiques : calcul des dimensions, montage en atelier et assemblage sur le terrain en suivant l’épure. Néanmoins, les techniques d’assemblages sont différentes entre une charpente en bois et une charpente métallique.

Les outils et techniques pour travailler une charpente en bois

Un charpentier bois travaille avec différentes panoplies d’outils traditionnels (source) pour tailler ses poutres avec rigueur et soin. Outre les scies à bois ou les différents types de marteaux, il se sert d’une bisaiguë pour réaliser les tenons et les mortaises. La plane permet d’enlever l’écorce du bois tandis que l’herminette sert à les dégrossir.

La construction de la charpente en bois s’effectue selon plusieurs méthodes : 

  • assemblages sans connecteur métallique, avec des prises mâles et femelle (tenon-mortaise, à queue d’aronde, embrèvement, etc.) ;
  • assemblages modernes avec des connecteurs métalliques sous forme de boulons, de vis ou de clous (étriers, équerres renforcées, plaques perforées). Cela concerne des poutres spécifiques comme les pannes, les chevrons ou les liteaux.

Les outils et techniques pour travailler une charpente en métal

Les outils du charpentier métallique sont conçus pour faire preuve d’une rapidité et d’une précision optimales. Certains sont munis de moteurs électriques comme la scie à ruban, la ponceuse, la meuleuse à main, le tournevis à couple réglable ou les ciseaux électriques. D’autres restent manuels comme la plieuse, la cisaille ou la pince de serrage.

L’assemblage de la charpente métallique s’effectue d’abord au sol, d’après l’épure, avant d’être levée grâce à des engins de chantier (grue, nacelle). Les poutres et autres pièces métalliques sont maintenues ensemble grâce à de la soudure, des boulons ou des rivets.

3. Charpentier bois ou charpentier métallique : des compétences distinctes

Selon les fiches métiers de l’Onisep, tous les charpentiers détiennent des compétences communes. Ils doivent maîtriser la géométrie et le calcul afin de réaliser ou d’étudier les dessins techniques. SI ces derniers sont réalisés avec le BIM, cela demande en plus une certaine aisance en informatique. Ils savent reconnaître et choisir les matériaux qu’il convient pour réaliser une pièce précise dans la charpente. Le travail en extérieur nécessite une grande résistance physique, notamment à cause de l’exposition possible aux intempéries. Le charpentier peut travailler en équipe ou en autonomie, tout en demeurant flexible et prêt à se déplacer loin. Enfin, il doit faire preuve de rigueur dans ses gestes et dans l’application des règles de sécurité.

Néanmoins, le charpentier bois et le charpentier métallique ne suivent pas les mêmes études. Leurs formations diffèrent sur les principaux points suivants : 

  • la maîtrise des outils, des engins et des techniques cités dans le point ci-dessus ;
  • la connaissance de leurs matériaux respectifs (leurs propriétés et leurs usages selon les types de construction) ;
  • les connaissances dans les traitements des charpentes (contre l’humidité pour le bois, contre la corrosion pour le métal) ;
  • l’application de tâches secondaires (menuiserie ou ébénisterie pour le charpentier bois ; serrurerie ou peinture industrielle pour le charpentier métallique).

4. Des maîtres d’ouvrage opposés pour les projets de construction

Les charpentiers doivent être aptes à intervenir sur n’importe quel chantier, qu’il soit résidentiel ou industriel. En réalité, les maîtres d’ouvrage qui font appel à leurs services diffèrent en fonction de leur spécialité.

Ainsi, le charpentier bois travaille principalement dans la construction ou la rénovation de maisons individuelles ou de chalets. Ces projets s’inscrivent dans l’intérêt de plus en plus croissant pour les maisons écologiques, en vertu de la loi n°2015-992 pour la transition énergétique (source). 

Le professionnel du bois peut également intervenir dans la construction des bâtiments industriels, agricoles ou commerciaux s’il s’agit d’une charpente en bois lamellé-collé. Mais, de manière générale, ces grandes constructions au toit plat sont couronnées d’une charpente métallique. Le charpentier métallique participe également aux ouvrages d’art comme des ponts, des passerelles, des pylônes, etc.

5. Des conditions de travail divergentes pour monter la structure du bâtiment

Les charpentiers réalisent leurs tâches aussi bien à l’atelier que sur le chantier à l’extérieur. Leur résistance physique doit être optimale pour supporter les charges lourdes ou tenir une position inconfortable pendant plusieurs heures. En œuvrant sur des échafaudages de plusieurs dizaines de mètres de hauteur, un bon charpentier ne se laisse pas déstabiliser par son vertige.

Le charpentier bois a plus tendance à travailler pour une entreprise artisanale. Le travail hors site est possible grâce à la découpe des poutres en bois dans l’atelier. Bien qu’il soit protégé des intempéries dans ces conditions, il doit porter les équipements nécessaires pour se protéger de la poussière de bois (potentiellement cancérigène).

Le charpentier métallique est employé par des entreprises de construction plus industrielles ou par les travaux publics (source). À cause des dimensions plus imposantes des bâtiments, ce professionnel passe plus de temps à l’extérieur quelles que soient les conditions météorologiques. De plus, les pièces de métal sont plus difficiles à préfabriquer, surtout s’il s’agit de grandes structures. Une grande partie de l’assemblage et des ajustements se font directement sur le chantier.

6. Des salaires et des évolutions professionnelles communes entre les charpentiers

Un charpentier débutant commence son activité avec le Smic. Avec 10 ans d’expérience, son salaire annuel brut peut atteindre ou dépasser les 26 000 € (source). À noter que ce salaire peut varier en fonction de la zone géographique. L’Île-de-France offre une meilleure rémunération qu’en province car le coût de la vie y est plus élevé. 

Grâce à son ancienneté, un charpentier bois ou un charpentier métallique peut monter en grade en guise de chef d’équipe ou de formateur. Il a également le choix de réaliser les démarches nécessaires pour créer sa propre entreprise.

Vous souhaitez devenir charpentier bois ou charpentier métallique ? En dehors des matériaux, sachez que vous ne manipulez pas les mêmes outils. Vous n’êtes pas engagé(e) sur les mêmes projets de construction. Et le ratio atelier/chantier dépend de votre spécialité. Si vous avez encore le moindre doute, en particulier pour un projet entrepreneurial, n’hésitez pas à prendre contact avec nos expertes en accompagnement des chefs d’entreprise.

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