3 pistes pour diminuer l’impact de la météo sur vos chantiers

L’indice du coĂ»t de la construction (ICC) augmente considĂ©rablement depuis 2020. Il s’établit Ă  2 227 points pour le premier trimestre 2024 (INSEE). Cette augmentation est liĂ©e Ă  l’inflation de plusieurs facteurs comme le coĂ»t de l’énergie, les prix des matĂ©riaux ou la revalorisation des salaires. Ă€ cela s’ajoutent des intempĂ©ries aux effets de plus en plus consĂ©quents, comme les canicules ou les inondations : 6,5 milliards d’euros de sinistres en 2023 selon France Assureurs (source). Comment anticiper ces risques de plus en plus rĂ©currents afin de mieux gĂ©rer la mĂ©tĂ©o dans le BTP ?

1. Quels sont les effets des intempéries sur un chantier ?

Un chantier de construction se déroule de manière optimale lorsque l’atmosphère est sèche et stable. Les intempéries peuvent non seulement altérer la qualité des matériaux de construction, mais également mettre en péril la sécurité des travailleurs. Ces contretemps climatiques entraînent des coûts supplémentaires à cause des différents retards de livraison.

Quelles sont les conditions climatiques reconnues comme intempéries pour un chantier ?

Les intempĂ©ries correspondent aux « conditions atmosphĂ©riques et les inondations lorsqu’elles rendent dangereux ou impossible l’accomplissement du travail […] » (article L5424-8, Code du travail). Ces clauses regroupent le gel, le verglas, la pluie, la neige ou encore de fortes rafales de vent. Chaque mĂ©tier du BTP est plus sensible Ă  un paramètre mĂ©tĂ©orologique qu’un autre. Le grutier ou le charpentier sont plus attentifs Ă  la vitesse du vent, tandis qu’un peintre surveille la tempĂ©rature extĂ©rieure.

Le décret n° 2024-630 du 28 juin 2024 reconnaît la canicule comme intempérie nécessitant un arrêt de chantier. Cette disposition ouvre des droits d’indemnisation à vos salariés à condition que l’épisode de forte chaleur soit reconnu par Météo France ou arrêté préfectoral (source).

Quels sont leurs impacts sur les travailleurs et les constructions ?

Les conditions météorologiques extrêmes interrompent le bon déroulement de votre chantier pour plusieurs raisons. L’humidité perturbe le séchage du béton, entraîne le pourrissement du bois ou la rouille du métal. Les vents violents peuvent endommager les structures partiellement construites, affaiblissant de fait les éléments porteurs ou les revêtements extérieurs. En diminuant la conductivité thermique de certains matériaux (fibre de verre, briques, béton ou bois), l’eau diminue l’isolation thermique du bâtiment.

Vos employés du BTP souffrent de différents symptômes s’ils sont exposés trop longtemps à des températures extrêmes. Le froid cause des gelures, des brûlures au contact de surfaces métalliques gelées ou de l’hypothermie. Le risque de chute est augmenté si le sol est gelé. Les fortes chaleurs accentuent la fatigue, les crampes et la déshydratation, pouvant aller jusqu’à la perte de connaissance.

2. Quelle est la réglementation en cas d’intempéries dans le BTP ?

Selon l’article L5424-9 du Code du travail, seul l’employeur ou son responsable de chantier peut décider d’arrêter le travail. Cette décision est assujettie à l’avis favorable des délégués du personnel qui forment le comité social et économique. Cependant, si le maître d’ouvrage est une administration ou une collectivité publique, son représentant sur le chantier peut s’opposer à l’arrêt du travail.

Si cette interruption est validée, les salariés bénéficient de leurs congés intempéries dans le BTP. L’indemnité correspond à 75 % des salaires bruts. En tant qu’employeur, vous devez adresser une déclaration d’arrêt de travail à votre caisse des congés intempéries BTP.

Si l’arrêt du chantier se prolonge à cause d’un événement climatique exceptionnel, récupérez le relevé météo de la station la plus proche de votre ouvrage. Ce document peut justifier votre retard auprès de votre client pour ne pas lui verser de pénalités. Le tribunal reconnaît sa valeur opposable en cas de litige avec votre maître d’ouvrage.

3. Comment mieux gérer la météo dans le BTP en fonction des aléas ?

Ne laissez plus les intempéries vous prendre de court et ralentir inlassablement votre chantier. Nous vous proposons d’appliquer trois pistes de travail pour mieux gérer les effets de la météo sur votre chantier.

Anticiper les conditions météorologiques dans la phase de planification

Vous ne pouvez pas décider du temps qu’il va faire pour tel jour. En revanche, vous pouvez anticiper les intempéries en vous documentant sur les conditions météorologiques à l’emplacement de votre chantier. En remontant jusqu’à plusieurs années en arrière, vous identifiez la récurrence de certaines tendances.

Il est préférable d’ajouter au moins une semaine de travail en plus dans la préparation de votre planning. Ce délai supplémentaire permet d’ajuster le travail de vos équipes si ces dernières ralentissent trop le travail à cause d’intempéries interminables (notamment, en hiver). Vous prévoyez également des délais de livraison raisonnables.

Si le mauvais temps survient brusquement, ne renvoyez pas tout de suite vos travailleurs à leur domicile. Prévoyez d’autres tâches non influencées par la météo, comme des travaux à l’intérieur du bâtiment : peinture, plomberie, menuiserie, installation électrique, etc.

Adapter les horaires de travail de vos salariés

Si vos chantiers se déroulent durant l’été, vous avez un risque de plus en plus croissant de faire face à une canicule. Météo France estime que la France subit en moyenne 9,4 jours de vagues de chaleur par an depuis 2010 (source). Or, en tant qu’employeur, vous êtes garant de la santé et de la sécurité des acteurs de votre chantier.

C’est pourquoi il est préférable de commencer à travailler plus tôt le matin pour ne pas souffrir des effets de la vague de chaleur. Les applications météorologiques peuvent vous aider à ajuster l’emploi du temps de vos équipes sur plusieurs jours.

Former vos Ă©quipes sur les meilleures pratiques Ă  adopter en cas de mauvais temps

Un tiers des ouvriers du BTP travaille plus de 20 heures par semaine en extérieur (source). La pénibilité et les risques d’accidents de travail sont d’autant plus importants lorsque les conditions climatiques ne sont pas au rendez-vous. Par conséquent, proposez des formations à vos artisans BTP pour les sensibiliser sur les protocoles de sécurité en cas d’intempéries. Ils doivent savoir comment agir et protéger leur matériel selon les circonstances.

En tant qu’employeur, il est de votre responsabilité de fournir les équipements suivants aux normes : 

  • bâches et couvertures pour matĂ©riaux sensibles ;
  • vĂŞtements impermĂ©ables ;
  • systèmes de drainage ;
  • Ă©chafaudages et barrières correctement ancrĂ©s ;
  • casques avec jugulaires ;
  • container de stockage pour ranger vos machines ;
  • eau potable et locaux temporaires pour vos salariĂ©s.

Pour ne pas crouler sous les retards de livraison, anticipez les intempéries sur votre planning de chantier grâce à des données récurrentes. Adaptez le travail de vos équipes en pensant d’abord et avant tout à leur sécurité. Tenez-vous au courant de la situation en temps réel avec vos techniciens et votre maître d’ouvrage grâce à notre application.