Poussières de chantier : comment s’en protéger ?

La découpe, le perçage ou le ponçage de nombreuses pièces génèrent de la poussière toxique sur les chantiers. Malgré les évolutions de la réglementation, cette pollution fait de nombreuses victimes. L’Assurance Maladie estime que l’amiante cause encore aujourd’hui jusqu’à 4 000 maladies professionnelles par an (source). L’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité) évalue à 358 000 le nombre de salariés exposés à la silice (source). Face à des risques de santé aussi majeurs, comment se protéger des poussières de chantier ?

1. Les 4 poussières de chantier les plus dangereuses pour la santé

Les chantiers génèrent plusieurs types de poussières en fonction des matériaux que l’on travaille. Elles sont soit irritantes, soit toxiques pour l’organisme. Découvrez les 3 familles de particules fines qui présentent un risque majeur pour votre santé.

Les poussières minérales : amiante et silice cristalline

L’amiante et la silice cristalline sont des minéraux présents à l’état naturel dans de nombreuses roches. La silice sert de matière première dans la majorité des matériaux du BTP : briques, tuiles, mortier, béton, etc. L’amiante était le composant principal de l’isolation des bâtiments jusqu’en 1997, grâce à sa faible conductivité thermique (source).

Or, les poussières les plus fines de ces minéraux (jusqu’à 0,02 μm de diamètre) peuvent se déposer sur les alvéoles pulmonaires en cas d’inhalation. En tant que pathologies progressives, ces dépôts provoquent au bout d’un temps de latence des cancers au niveau des poumons ou d’autres maladies plus spécifiques.

  • L’amiante peut provoquer un mésothéliome, s’il se dépose sur le péricarde ou la plèvre, ou une asbestose, synonyme de sclérose du tissu pulmonaire.
  • La silice cristalline cause des bronchites chroniques ou la silicose, maladie progressive et irréversible qui peut mener jusqu’à des insuffisances cardiaques ou respiratoires.

Les poussières organiques : La sciure de bois

La découpe, le sciage ou le ponçage de pièces en bois dur produit de la poussière sous forme de sciure. Les particules les plus fines s’introduisent dans les poumons. Des symptômes allergiques, comme l’eczéma ou la rhinite, se développent chez certains travailleurs. Dans les cas les plus graves, l’inhalation régulière de poussière de bois peut développer des cancers au niveau des sinus ou une fibrose pulmonaire (source). 

Les bois durs comme le chêne, le frêne, l’érable ou l’hêtre, sont reconnus comme cancérogènes au niveau européen. Cependant, il faut également se méfier des produits chimiques qui servent à traiter le bois comme les peintures, les colles, les résines, etc.

Les poussières métalliques : risque d’intoxication pour l’organisme

Comme le bois, les travaux sur des pièces en métal (découpe, meulage, soudage) entraînent des étincelles et des poussières extrêmement fines. Il peut s’agir de pièces en acier, en aluminium, en cuivre, en zinc, en plomb, etc. 

L’organisme assimile et stocke les aérosols métalliques grâce à leur forte réactivité. Leur toxicité amène au développement de pathologies graves comme le saturnisme ou des cancers. Les métaux lourds comme le chrome, le plomb, le zinc ou le cadmium font partie des éléments les plus dangereux pour la santé des travailleurs et l’environnement. Les poumons et le cerveau sont les organes les plus susceptibles de développer des symptômes lourds à cause des effets toxiques des métaux (source) : 

  • troubles neurologiques (mémoire, concentration, céphalée, etc.) ;
  • pneumopathies ;
  • troubles respiratoires (toux, douleur thoracique) ;
  • etc

2. Les obligations légales de l’employeur pour gérer les poussières sur un chantier

Plusieurs articles du Code du Travail réglementent la gestion de la poussière pour assurer la sécurité sur un chantier : 

  • L’article R. 4222-10 fixe « les concentrations moyennes en poussières totales et alvéolaires de l’atmosphère inhalée par un travailleur. » Celles-ci ne doivent pas dépasser 4 et 0.9 mg/mètre cube d’air sur une période de 8 heures. L’employeur détermine les concentrations de poussière sur le chantier grâce à une évalution des risques.
  • L’article L4121-1 oblige l’employeur à prendre « les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. » La prévention des risques, élément essentiel du plan de prévention de chantier, fait partie des actions préconisées.

Sur la base de l’article R. 4222-10, les poussières de chantier font l’objet d’une classification selon la valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP). Les classes correspondent à la concentration des aérosols dans l’air qui peut être inhalée pendant 8 heures de travail sans risque majeur pour la santé.

Classe de poussière

Types de poussière

VLEP

Efficacité d’aspiration minimum des aspirateurs (selon la norme IEC 60335-2-69)

Classe L

gypse (plâtre) ; chaux

> 1 mg/m3

99 %

Classe M

bois ; peinture ; plastique

≥ 0,1 mg/m3

99,9 %

Classe H

métaux (plomb, nickel, cuivre, charbon, etc.) ; silice

< 0,1 mg/m3

99,995 %

Amiante (exigence supplémentaire)

Fibre d’amiante

10 fibres/dm3

99,995 %

3. 5 solutions pour se protéger des poussières de chantier

Un chantier est responsable d’une grande quantité de déchets, au-dessus desquelles peuvent planer les poussières. Découvrez nos 5 conseils pour vous protéger de ces particules toxiques en toute circonstance.

Aspirateur de chantier et purificateur d’air

Contrairement à l’appareil domestique, un aspirateur de chantier bénéficie d’une puissance électrique, d’un volume de stockage et d’une capacité d’aspiration plus performants. En fonction du modèle dont vous disposez, son balai nettoie aussi bien les dépôts liquides que solides. Le nettoyage automatique des filtres optimise le ménage de votre chantier.

Pour protéger vos salariés pendant leurs travaux d’intérieur, pensez à installer un purificateur d’air professionnel. Cet appareil capte les poussières les plus fines qui pourraient échapper à l’aspirateur de chantier. Néanmoins, il peut être lourd, encombrant et générer des nuisances sonores.

Humidification des opérations de découpe ou de forage

En arrosant vos zones de travail avec un brumisateur ou un tuyau d’arrosage, les poussières s’agrègent autour des gouttes d’eau et sont rabattues. Les travaux de démolition ou de rénovation énergétique retrouvent une atmosphère plus saine. L’emploi d’un brumisateur est plus avantageux qu’un tuyau branché sur un camion-citerne pour les raisons suivantes : 

  • La quantité d’eau utilisée est moindre. Vous diminuez le risque de générer de la boue sur le chantier.
  • Les gouttes d’eau sont moins grosses. Par conséquent, elles se lient plus facilement à de la poussière fine.

Ventilation à la source ou générale du chantier

La ventilation sur le chantier peut s’effectuer selon deux manières différentes : 

  • Le captage à la source consiste à aspirer les poussières à leur point d’émission. Il s’agit d’un outil portatif relié à un aspirateur de chantier.
  • La ventilation générale permet de diluer la pollution résiduelle en rejetant les aérosols vers l’extérieur du terrain. Elle complète le captage à la source pour une efficacité optimale (source).

Port de masques respiratoires ou Appareil de Protection Respiratoire (APR)

Le choix d’un appareil de Protection Respiratoire (APR) répond aux résultats de l’évaluation des risques. Plus les filtres ont un indice important, plus ils vous garantissent une protection optimale. Bien entendu, votre équipement de protection individuel (EPI) doit également comporter une combinaison, ainsi que des lunettes de protection, pour vous éviter tout contact avec les poussières de chantier.

Les masques se présentent sous trois formes différentes : 

  • Soit un demi-masque avec filtre P2 ou P3. Ces filtres absorbent plus de 95 % des poussières toxiques comme le bois, l’amiante ou les métaux.
  • Soit un demi-masque filtrant à usage unique de type FFP2 ou FFP3, avec une soupape d’expiration. Ils protègent les salariés des particules métalliques ou radioactives.

Soit un demi-masque à ventilation assistée (TM2P) en cas de durée d’exposition supérieure à 1 heure.

Formation à la prévention des risques liés aux poussières

Sensibilisez vos travailleurs sur les risques liés à la poussière de chantier grâce à des formations professionnelles. Mettez en avant les bonnes pratiques concernant leur hygiène dans le cadre professionnel, ainsi que la rigueur de leur suivi médical. N’hésitez pas à leur fournir des notices qui les informent des risques auxquels ils sont exposés, ainsi que les moyens de prévention.

Protégez vos équipiers des poussières de chantier grâce à des mesures de protection individuelle (masque, combinaison) et collective (aspirateur, ventilateur, douches, etc.). Tenez-les au courant des risques auxquels ils sont exposés en travaillant sur une pièce de construction donnée. Mettez à jour votre catalogue de matériel pour garantir la sécurité des techniciens grâce à l’application Techtime.