Vols sur chantier : quels moyens pratiques appliquer ?

Le taux de vol sur un chantier augmente de façon inquiétante : +13 % entre 2022 et 2024 (source). Mais, à cause de marges économiques très serrées, les entreprises du BTP peinent à considérer la sécurité de leur chantier comme un investissement prioritaire. Pourtant, selon la Fédération Française du Bâtiment, le coût des vols sur les chantiers s’élève à plus d’un milliard d’euros en 2023 (source). L’inflation des matières premières, ainsi que le va-et-vient incessant des équipes sur le site, facilitent ces actions illégales. Quels sont les moyens simples à mettre en œuvre pour protéger votre chantier contre les voleurs ?

1. Quels sont les matériels de chantier les plus dérobés ?

Des complices internes au projet, des opportunistes ou des membres du crime organisé représentent la plupart des malfaiteurs liés aux vols sur les chantiers. Ces criminels profitent de leur intégration dans l’équipe ou de conditions climatiques favorables (nuits plus longues) pour s’en prendre aux matériaux suivants.

Les matières premières et les équipements précieux

Le cuivre dans les câbles électriques intéresse principalement les voleurs de matières premières sur les chantiers. Selon le groupe Cayola Médias, ce métal regroupe 45 % des vols déclarés. En effet, le déploiement des technologies vertes (véhicules électriques, panneaux solaires, etc.) nécessite une demande de plus en plus croissante en électricité. Le prix d’un cuivre rigide, sans oxydation ni vernis, varie entre 7 et 9 euros le kilo en 2024 (source). Il peut se revendre sur le marché noir avec un montant minimum de 10 000 €.

D’autres matériaux de base attirent également les convoitises comme le bois ou l’acier. Ces matières premières font l’objet de pénuries mondiales qui font augmenter leurs coûts de production (source). Or, leur demande reste importante à cause des projets de construction ou de rénovation énergétique. Par conséquent, des malfaiteurs peu scrupuleux les revendent rapidement sur leur marché clandestin et en tirent un énorme bénéfice.

Les outils et les engins les plus convoités

Les outils mobiles (scies, perceuses, marteaux, etc.) disparaissent ou s’égarent facilement par nature. Lorsqu’ils sont électriques, leur revente peut atteindre des sommes lucratives (source). Dans les magasins de bricolage pour grand public ou professionnels, le prix d’une perceuse électrique varie de quelques dizaines à plusieurs milliers d’euros.

Les véhicules de chantier ne sont pas en reste. Selon la Fédération des Matériels, plus de 4 000 engins ont disparu en 2022, soit un préjudice dépassant les 20 millions d’euros. Il s’agit principalement de véhicules d’excavation comme les pelleteuses ou les bulldozers. Les poids lourds et les véhicules utilitaires, spécialisés dans le transport entre les chantiers, complètent le podium (source).

Le carburant et les documents confidentiels

Le prix du carburant ne cesse d’augmenter au fil du temps. D’après les données de Statista, le prix moyen du diesel est passé de 1,24 €/L en mai 2020 à 1,93 €/L en septembre 2023. Le seuil des 2 €/L a été régulièrement franchi durant cette période. Le prix moyen de l’essence suit la même tendance.

Étant donné ce contexte, il est tentant de siphonner les réservoirs des engins de chantier ou de dérober les bidons de carburant. Le préjudice peut atteindre jusqu’à 50 litres de carburant dérobés en une nuit, comme pour ce chantier à Déols (Indre).

Les appareils électroniques (smartphones, tablettes, ordinateurs) demandent également une vigilance particulière. En cas de piratage ou de vol de documents sensibles (plans de construction, factures, etc.), les conséquences peuvent être dramatiques.

2. Quelles sont les conséquences d’un vol sur un chantier ?

Qu’il s’agisse d’un petit outil ou d’une grosse machine, un vol sur un chantier n’est jamais anodin pour l’entreprise du BTP.  Les conséquences sont d’abord financières. Il faut non seulement racheter le matériel volé, mais aussi réparer les dégradations des voleurs comme des barrières ciselées ou des matériaux brisés. Sans outils ou matières premières pour continuer le chantier, l’entreprise s’expose à des pénalités de retard.

Les relations humaines subissent également de lourds dommages. Le maître d’ouvrage est responsable de la surveillance du chantier tant qu’il n’est pas livré. S’il n’arrive pas à protéger son chantier ou à rendre son projet dans les délais, cela se répercute sur sa réputation. Les clients auront tendance à lui tourner le dos et à émettre des avis négatifs à son sujet. 

Par ailleurs, le sabotage régulier des voleurs instaure un sentiment d’insécurité et de démotivation parmi les employés de l’entreprise. Ces derniers voient leur planning se réorganiser sans cesse pour s’adapter au matériel manquant à l’appel. Cela engendre du stress dans les équipes.

3. Quelles sont les mesures à prendre pour protéger votre chantier ?

En 2022, l’Observatoire des Vols Coyote estime les pertes financières supérieures à 10 000 € pour 66 % des entreprises du BTP volées (source). Pourtant, les moyens de sécurité pour un chantier sont encore loin de faire l’unanimité parmi les professionnels du BTP. Quelques-uns pensent réaliser le maximum de profit en négligeant des coûts considérés comme non essentiels. Pourtant, il existe des moyens simples pour sécuriser votre chantier et, ainsi, réaliser un investissement gagnant sur le long terme.

Protéger le périmètre de votre chantier

La solution la plus économique et basique est de délimiter votre zone de chantier avec des clôtures fermement ancrées dans des pavés en béton. Non seulement vous imposez une barrière physique difficile à franchir, mais vous limitez aussi la visibilité de vos outils ou matériaux derrière les grilles. 

Si les vols se déroulent essentiellement la nuit, installez des éclairages sur des lieux stratégiques comme à proximité des clôtures ou des engins de chantier. Vos vigiles ou vos caméras de surveillance pourront mieux repérer les malfaiteurs en pleine lumière.

 

S’équiper de systèmes de sécurité électroniques et d’agents humains

La meilleure surveillance est celle qui coordonne les moyens humains et électroniques. Pour réaliser des économies sur le personnel, les maîtres d’ouvrage peuvent être tentés de quadriller la zone avec des systèmes de sécurité.

  • Les caméras de surveillance, connectées si possible à Internet, permettent de surveiller des zones sensibles en continu et en temps réel.
  • Les détecteurs de mouvement repèrent les présences suspectes de jour comme de nuit. Ils activent des alarmes stridentes ou silencieuses pour permettre au service de sécurité d’intervenir rapidement.

Cet équipement de base peut être étoffé avec des technologies de pointe, comme des drones ou des capteurs de mouvements intelligents. Les premiers surveillent le chantier en temps réel et disposent de logiciels pour modéliser le site en 3D. Ils peuvent même suppléer ou aider les travailleurs sur place en transportant des matériaux. Les seconds disposent de différents champs d’ondes pour identifier les intrus, soit en infrarouge, soit en micro-ondes. La combinaison des deux réduit le risque de provoquer de fausses alertes.

Cet attirail, aussi sophistiqué soit-il, n’est pas infaillible dans certains endroits du chantier, en particulier s’ils sont exigus ou hors réseau. Dans ce cas, rien ne remplace la mobilité et l’attention d’un bon vigile muni d’une lampe de poche, surtout la nuit. Ces professionnels sont également aptes à contrôler l’accès au chantier de construction en vérifiant les badges d’identification ou les systèmes biométriques.

Organiser le rangement et l’approvisionnement du matériel

Ne nourrissez aucune tentation malveillante en laissant des outils ou des matériaux traîner sur votre chantier. En tant que maître d’ouvrage, assurez-vous à chaque fin de journée que le matériel est bien rangé dans des espaces sécurisés, comme des containers. S’il s’agit de moyens précieux, prévoyez une zone de rangement à l’écart de la rue afin de la rendre difficilement accessible.

Protégez vos engins de chantier avec des systèmes d’antivol ou des traceurs GPS. Ne jamais laisser les clés sur les véhicules. Marquez également vos outils les plus coûteux avec des numéros de série ou d’autres marqueurs indélébiles. En ce qui concerne l’approvisionnement du matériel, évitez de le programmer la veille de longues périodes d’arrêt comme les week-end, les jours fériés ou les congés.

Former vos collègues sur les procédures de sécurité

Rappelez à vos travailleurs que le soin et la sécurité sont l’affaire de tous.  Organisez régulièrement des sessions de formation pour les sensibiliser aux procédures de sécurité et au maniement des dernières technologies

Rappelez ces règles sans ménagement à travers des briefings en début de journée ou des panneaux d’affichage dans les locaux temporaires. L’artisan doit savoir comment réagir et qui contacter en cas de danger ou d’intrusion sur sa zone de travail.

Luttez contre les vols sur les chantiers avec une surveillance constante de la zone, grâce à des moyens humains et électroniques. Rappelez l’importance d’un bon rangement pour assurer une productivité maximale. Sensibilisez vos équipiers sur leur propre sécurité, ainsi que celle de l’entreprise. 

Vous souhaitez suivre en temps réel la position de vos matériels ou alerter vos travailleurs d’un imprévu qui risque de chambouler leur planning ? Munissez-vous dès maintenant du logiciel Techtime pour gérer votre entreprise de manière sereine.