Durant ces dernières années, les entreprises du BTP font face à des difficultés pour maintenir leurs activités sur un chantier. L’inflation des matériaux de construction, la hausse du prix de l’énergie et les difficultés de financement entraînent des diminutions sur les carnets de commande. Pour s’adapter aux difficultés des clients sans mettre sa trésorerie en péril, il est de plus en plus courant de facturer des acomptes dans le BTP, dont le nombre est proportionnel à l’importance du chantier. Mais est-ce une pratique légale ? Peut-on encaisser le moindre acompte avant les travaux de chantier ?
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Un acompte est une somme que le client verse à l’entreprise avant le début de sa prestation. Cette opération s’effectue généralement à la signature du devis, mais cela n’est pas une stricte obligation. Elle représente un pourcentage de la facture totale et engage les deux parties à respecter les termes de leur contrat.
La loi sur les acomptes pour les travaux pour les marchés publics se trouve désormais dans le Code de la commande publique. Les articles R2191-20 à R2191-22 réglementent le droit, le montant et la périodicité du versement des acomptes. Cette dernière est fixée à trois mois, sauf pour les sociétés coopératives d’artisans (le délai est ramené à un mois). Le montant total des acomptes est diminué de la fraction correspondant à la retenue de garantie. Pour les marchés privés, la réglementation des acomptes figure dans l’article L111-3-1 du Code de la construction et de l’habitation.
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D’un point de vue juridique et comptable, vous devez distinguer l’acompte des autres paiements anticipĂ©s comme les arrhes, l’avance ou la situation de travaux (Service Public) :Â
Bon à savoir : après la signature du devis, le client bénéficie de son délai de rétractation de 14 jours comme stipulé dans le Code de consommation. Durant cette période, s’il souhaite rompre le contrat ou que les travaux n’ont pas encore commencé, l’entreprise est tenue de rembourser l’acompte de son client.
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L’acompte BTP remplit plusieurs fonctions vitales pour l’entreprise qui la perçoit :Â
Cette avance avec engagement ne protège pas uniquement le maĂ®tre d’œuvre. Non seulement le client rend ses dĂ©penses plus supportables avec plusieurs versements, mais il s’assure Ă©galement de la fiabilitĂ© de l’entreprise. Ce dernier facteur constitue la base d’une relation saine et transparente entre les deux parties, Ă condition de respecter certaines règles :Â
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Aucune règlementation ne fixe un montant précis pour un acompte sur travaux. Le taux moyen est de 30 % pour disposer de ressources suffisantes pour le matériel et les artisans (maçons, électriciens, paysagistes, etc.). Il peut être renégocié à la baisse, autour de 10 à 20 %, comme à la hausse jusqu’à 40 % (Rénovation Man). Il ne faut pas hésiter à échanger avec le maître d’œuvre pour connaître les raisons du pourcentage qu’il propose sur son devis.
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L’article 289 du Code gĂ©nĂ©ral des impĂ´ts rend obligatoire l’édition d’une facture d’acompte pour tout versement perçu. Elle comporte les mentions obligatoires suivantes :Â
La mention “facture d’acompte” ou “acompte de X % sur devis n° XXX” est préférable pour identifier le document. Une fois ce premier versement validé, une facture de solde déduira les différents acomptes qui ont déjà été payés du montant total de la prestation.
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Le manque de clartĂ© dans le contrat ou des obligations non respectĂ©es peuvent ĂŞtre source de conflits entre le client et l’entreprise de BTP. Si l’acompte a Ă©tĂ© versĂ© sans signature du devis ou si les artisans ne dĂ©marrent pas leurs prestations dès l’encaissement de l’argent, le client peut engager des poursuites judiciaires. Celles-ci se dĂ©roulent devant un tribunal qui dĂ©pend de la valeur du litige (France Victimes) :Â
Avant d’arriver Ă cette procĂ©dure judiciaire, il est prĂ©fĂ©rable de tenter des solutions Ă l’amiable parmi les deux suivantes :Â
Si le tribunal reconnaît les torts de l’artisan dans le dossier présenté (devis, factures, courriers recommandés, photos de malfaçons), il peut prononcer les condamnations suivantes. Soit les travaux doivent être exécutés de manière forcée, soit l’entreprise doit verser des dommages et intérêts à son client et détruire ses travaux.
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Encaisser un acompte de chantier avant les travaux est une pratique légale, à condition d’être clairement encadrée par un devis signé et une facture conforme. L’entreprise du BTP sécurise sa trésorerie et se protège des impayés. Le client s’assure d’un engagement ferme de l’artisan et d’un règlement adapté à sa situation. Le tout nécessite une communication claire et transparente pour éviter les annulations de dernière minute, voire les procédures judiciaires.
Les factures d’acompte sont des documents essentiels dans votre dossier de travaux. Pour gagner du temps et minimiser les erreurs, le logiciel de gestion de chantier Techtime dispose d’une gestion électronique de documents (GED). Découvrez cette fonctionnalité et d’autres toutes aussi stratégiques dans notre application web ou mobile.